Extrait de l’interview donnée à L’Express
Comment êtes-vous entré chez Chanel?
Tout s’est fait de manière très naturelle. Je maquillais déjà en free-lance sur les défilés Chanel, sur les campagnes de publicité de la marque avec le photographe Patrick Demarchelier. J’avais déjà fait des shootings avec Karl Lagerfeld en plus de mon travail pour Givenchy, Estée Lauder ou Armani. Les dirigeants de Chanel cherchaient quelqu’un qui appartienne à la nouvelle génération de maquilleurs et ils ont fait appel à moi. J’ai travaillé pendant plusieurs mois auprès de Dominique Moncourtois et Heidi Morawetz. La transition s’est faite en douceur.
Comment intégrer l’héritage de la maison Chanel tout en étant innovant?
Chanel est une griffe classique avant-gardiste, tout comme l’était Mademoiselle Chanel. En termes de make-up, elle a su proposer des rouges à lèvres innovants, un packaging ultrachic, des produits éphémères en éditions limitées, elle a su imposer le vernis noir… Elle a toujours eu une longueur d’avance.
Mais quelle est donc la Peter Philips touch?
Je suis très travailleur. Ma force, c’est ma base mode. Je suis diplômé de l’Académie d’Anvers. Je respecte le travail des autres. Je ne m’impose pas, mais, si je crois en une idée, je peux me montrer ferme. Parfois, je plonge dans des recherches très créatives… Vous souvenez-vous du masque de Mickey que j’avais réalisé en dentelle de Chantilly et qui avait été photographié par Irving Penn?
Vous avez commencé par la mode. Comment en êtes-vous venu au maquillage?
J’ai assisté à des défilés de créateurs belges à Paris et, lorsque j’ai vu le savoir-faire des équipes de maquilleurs, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire dans ce domaine. C’était en janvier 1995. Je me suis alors donné trois ans; j’ai d’abord travaillé en Belgique, mais surtout pour des magazines néerlandais. J’ai fait mon premier défilé avec Veronique Branquinho. Puis j’ai poursuivi avec Olivier Theyskens, au moment où il a «explosé», ainsi qu’avec Raf Simons. Je suis ensuite parti pour Londres, pendant un an, et enfin pour New York, où ma carrière a décollé. Ma première couverture de Vogue France, avec Christy Turlington, remonte à six ans. Je me suis lancé comme maquilleur à l’âge de 28 ans. Cela fait douze ans déjà; tout est allé très vite. Il faut dire que je n’ai fait que travailler: j’ai pris seulement quatre ou cinq semaines de vacances pendant cette période!
Quels sont vos créateurs préférés?
Assurément Dries Van Noten. Je suis inspiré par ses couleurs… J’apprécie Martin Margiela aussi: il a changé la mode, la manière de porter le vêtement. C’est grâce à lui que l’on a commencé à faire des expérimentations…
… Quelle est, selon vous, la place du maquillage dans la mode?